Pressions. Par amitié avec la Chine, le Maroc va extrader le Ouïghour Idris Hasan

Pressions. Par amitié avec la Chine, le Maroc va extrader le Ouïghour Idris Hasan

Libération, publié le 16 décembre 2021

A la suite d’une erreur d’Interpol, l’informaticien de 34 ans et militant pacifiste pour les droits humains risque la torture et la prison à vie au Xinjiang en raison d’une allégation abusive de «terrorisme».

«J’ai parlé à Idris. Il est terrorisé à l’idée d’être extradé. A chaque fois qu’il entend des pas dans le couloir de la prison, il a l’impression que quelqu’un vient le chercher pour l’envoyer en Chine», confie à Libération un de ses amis, Abduweli Ayup. Mercredi, la Cour de cassation du Maroc a autorisé l’extradition d’Idris Hasan (dont le nom s’écrit aussi Yidiresi Aishan) pour la Chine. Soit, pour ce Ouïghour, un aller simple pour une geôle au secret, sans accès à un avocat, avec d’importants risques de torture et de longues années d’emprisonnement à l’issue d’un procès factice. Et un monstrueux raté pour Interpol : l’organisation internationale de police criminelle avait publié sans la vérifier la notice rouge pour «terrorisme» émise par la Chine contre cet opposant politique pacifiste, ce qui a déclenché son arrestation pendant son transit à l’aéroport de Casablanca, en juillet, alors qu’il se rendait à Amsterdam. Malgré l’annulation de la notice rouge dans les jours qui ont suivi, le Maroc, qui a d’immenses intérêts économiques avec la Chine, a choisi de maintenir ce militant pacifiste en détention et de le livrer à Pékin.