Des tags sur le Mémorial de la Shoah à Paris pour sensibiliser sur le sort des Ouïghours

Des tags sur le Mémorial de la Shoah à Paris pour sensibiliser sur le sort des Ouïghours

Le Parisien, 01.02.2021 

L’article ci-dessous a été publié par Le Parisien, photo LP.

La date n’a pas été choisie au hasard. Le Mémorial de la Shoah de Paris a été tagué dans la nuit de mardi à mercredi. « Uighurs 2021 = Juif 1941 », et « Uighurs lives matter », avec un croissant et une étoile semblant représenter l’état turc.

Mais en début de matinée, il ne restait rien des inscriptions sur le mur commémoratif, allée des Justes. La Ville de Paris a, dès les premières heures, sur injonction des policiers, envoyé en urgence ses services pour procéder au nettoyage, juste avant que les officiels n’arrivent… Il était en effet prévu une cérémonie dans le cadre de la journée internationale de commémoration des victimes de la Shoah, en présence de la maire de Paris et de ministres, ce matin-même dans ce lieu de mémoire du génocide des juifs, situé rue Geoffroy-l’Asnier (IVe), au coeur du Marais.

« Ce ne sont pas des tags antisémites, insiste Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme. L’auteur des tags a voulu dénoncer le génocide des Ouïghours, cette ethnie minoritaire musulmane qui fait l’objet d’une répression sanglante en Chine. »

Le premier tag lance un parallèle entre le génocide des juifs – six millions de personnes exterminées pendant la Seconde Guerre mondiale – et la répression des Ouïghours, tandis que le second fait référence au mouvement Black lives matter, né aux Etats-Unis.

« Ils ont profité de la visite des officiels pour avoir de la visibilité et lancer un appel au secours », poursuit Sammy Ghozlan. Le Conseil représentatif des institutions juives de France ne comptait d’ailleurs pas porter plainte pour ces dégradations.

Des tags réalisés en quelques minutes par un cycliste

D’après les premiers éléments de l’enquête, les faits, découverts à 1h10 du matin, auraient été commis aux alentours de minuit. Une patrouille de police est venue les constater avec le service de traitement judiciaire de nuit.

« Les vidéos des caméras ont permis de constater la présence d’un cycliste affairé à réaliser ces dégradations à 23h20 », détaille une source policière.

Sans descendre même de son deux-roues, « casqué et masqué », il ne lui a fallu que quelques minutes pour taguer ces inscriptions avant de disparaître dans la nuit. L’enquête a été confiée au commissariat du centre.