Nobel de la paix: l’absence du haut commissaire aux droits de l’homme critiquée
Cyberpresse, 6 Décembre 2010
Un proche de la famille de Liu Xiaobo a critiqué lundi l’absence du haut commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, à la cérémonie en l’honneur du dissident chinois, prix Nobel de la paix 2010, dénonçant son «abdication» face à Pékin.
«La décision de Mme Pillay est une abdication claire et sans équivoque de ses responsabilités de haut commissaire qui, je pense, découle d’une pression directe du gouvernement chinois», a écrit Yang Jianli, un dissident exilé aux États-Unis, dans une lettre ouverte reçue par l’AFP.
Représentant de Liu Xia, l’épouse de Liu Xiaobo, auprès du comité Nobel norvégien, Yang Jianli –qui a purgé cinq ans de prison dans son pays– sera présent vendredi à Oslo à la cérémonie.
«C’est d’autant plus préoccupant que cela survient après le refus du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon de soulever le cas de Liu Xiaobo lors de sa rencontre avec le président chinois Hu Jintao peu après l’attribution du Nobel», a-t-il ajouté.
Appelant Ban Ki-moon et Navi Pillay à «servir les objectifs fondamentaux des Nations unies» et plus particulièrement la promotion des droits de l’homme, Yang Jianli estime que «s’ils ne veulent ou ne peuvent le faire, ils devraient démissionner».
Le chef de l’Onu n’avait pas évoqué l’affaire lors de sa rencontre avec Hu Jintao le 1er novembre à Pékin, trois semaines après l’attribution du Nobel, ce qui lui avait valu les critiques d’ONG.
Ulcéré par le choix du comité Nobel, la Chine a menacé de «conséquences» les pays qui apporteraient leur soutien à Liu Xiaobo et va, selon les experts, scruter attentivement le déroulement de la cérémonie.
Outre la Chine, la Russie, le Kazakhstan, Cuba, le Maroc et l’Irak ont décliné l’invitation à la cérémonie. Certains, comme la Russie, ont invoqué des problèmes d’emploi du temps.
Selon Yang Jianli, Navi Pillay a aussi expliqué son absence par un calendrier surchargé.
Purgeant une peine de 11 ans de prison dans son pays, le lauréat ne pourra pas recevoir son Nobel vendredi, ni se faire représenter par ses proches qui ne peuvent quitter le territoire chinois.
Un siège vide, une photo et un de ses textes lu par l’actrice norvégienne Liv Ullmann le représenteront symboliquement.
Considéré comme un «criminel» par Pékin, cet intellectuel de 54 ans a été condamné en décembre 2009 pour «subversion du pouvoir de l’État» après avoir corédigé la «Charte 08» qui réclame une Chine démocratique.