Apple accusé de saboter le projet de loi contre le travail forcé

Apple accusé de saboter le projet de loi contre le travail forcé

Le Soir, 24.11.2020

L’article ci-dessous a été publié dans Le Soir.

Jennifer Mertens Apple aurait fait du lobbying pour contrer le projet de loi contre le travail forcé en Chine.

Deux membres du Congrès accusent Apple d’essayer de saboter le projet de loi contre le travail forcé impliquant que les entreprises américaines doivent s’assurer que leur chaîne d’approvisionnement ne procède pas à de tels abus, rapporte le Washington Post. Un projet de loi qui vise avant tout à mettre un terme au travail forcé de la population ouïghour en Chine.

Le fait est que la firme de Cupertino est très dépendante de la main-d’œuvre chinoise. Or, plusieurs rapports sur les droits de l’Homme ont indiqué que des travailleurs ouïghours avaient été contraints de travailler dans la chaîne d’approvisionnement d’Apple.

Avec le projet de loi contre le travail forcé, la firme à la pomme est tiraillée entre ses impératifs commerciaux et sa position officielle vis-à-vis des droits de l’Homme. C’est pourquoi Apple – et d’autres entreprises américaines – aurait fait pression pour affaiblir le projet de loi tel qu’il est écrit.

Pour Cathy Feingold, directrice du département international pour la Fédération américaine du travail et Congrès des organisations industrielles (AFL-CIO), qui a soutenu le projet de loi ; « ce qu’Apple voudrait, c’est que nous nous asseyions tous et que nous parlions sans que cela n’ait de conséquences réelles ».

Si le projet de loi passe, les entreprises américaines qui font appel à des usines en Chine pour produire leurs marchandises ne pourront plus fermer les yeux. De plus, les autorités américaines disposeraient de plus de pouvoir pour faire respecter la loi sur les entreprises et les sanctionner en cas de non-respect de la législation américaine. Si les États-Unis disposent déjà d’une loi contre le travail forcé, cette dernière est rarement appliquée, de même que des sanctions.

Dans les faits, difficile d’imaginer qu’Apple chercherait à aller à l’encontre du projet de loi afin de pouvoir exploiter des travailleurs forcés. La firme à la pomme a montré à plusieurs reprises son engagement contre de telles pratiques au sein de ses entreprises partenaires. Cependant, surveiller l’ensemble des usines impliquées dans sa chaîne d’approvisionnement est presqu’impossible, c’est pourquoi Apple souhaiterait sans doute modifier le texte du projet de loi.

Dans l’état, le projet de loi implique qu’en cas de travaux forcés constatés dans la chaîne d’approvisionnement, l’entreprise américaine pourrait avoir des sanctions. Apple préférerait donc que des mesures raisonnables contre le travail forcé soient mises en place, plutôt que des sanctions directes contre les entreprises, comme le souligne 9To5Mac.